J’aimerais méditer à partir de l’idée que l’art est un rituel qui existe pour aider l’homme pour pallier à son incapacité à donner la vie.

l’homme désespéré de ne pouvoir lui aussi avoir un bébé dans son ventre, crée des sans-titre. Avec l’œuvre, l’homme de joue à la poupée. Ce jeu est sérieux. L’œuvre est le fruit de ses tripes, il lui donne un nom, et personne ne peut le toucher.

Pour qui n’a pas inventé l’eau tiède, cela revient à dire que l’art est un truc d’homme. D’une certaine manière, c’est vrai. En tout cas, ça l’était, jusqu’au moment ou les femmes se sont mises à avoir le même besoin et à produire à leur tour, aux alentours des années 70. On y reviendra. Toujours est-il qu’au début, l’art est un truc d’homme, dans la grande majorité des cas. Comme l’écriture de l’histoire d’ailleurs, ce qui n’aide pas à rendre justice aux femmes, mais enfin c’est une autre question.

Dans le rituel artistique, la production d’une œuvre est comparable à la production d’un fétiche ou d’une relique. Souvent d’ailleurs tous ces genres d'objets se retrouvent en vrac au Louvre car les définitions sont poreuses.
Le principe - le fait de représenter- est le même et c’est l’utilisation qui diffère. Comme la parole, l’art traduit, c’est un langage, et qui ne le parle pas ne comprend pas de quoi il est question.

Les femmes sont entrées dans l’art en même temps que la pilule contraceptive et que le capitalisme tonitruant. A partir de ce moment, elles ont aussi eu envie de jouer à donner la vie à des objets, faute de la donner à des humains.
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